Vivre, c’est expérimenter. La maladie est une expérience et comme toute expérience, nous sommes libres d’en faire ce que nous voulons. Si plaquer son job pour aller ouvrir une chambre d’hôte dans un village perdu en Auvergne ne vous parle pas, inutile d’angoisser, au contraire, peut-être appréciez- vous plus votre vie telle qu’elle est, tout simplement, et c’est déjà beaucoup.
Il n’est facile de jongler entre toutes les injonctions paradoxales de la société. Il y a dans l’expérience du cancer un lâcher prise inévitable, alors qu’on parle de plus en plus de patients acteurs (patient empowerment). Les deux ne sont pourtant pas incompatibles. Le choix est à nouveau au cœur de la question. Je peux choisir de modifier ou non mon mode de vie, je peux choisir de rester dans la crainte perpétuelle d’une rechute ou décider d’apprivoiser ma peur pour continuer le chemin.
Finalement, ce sont nos actes qui parlent pour nous. Mais nous ne perdons jamais au change (c’est là mon intime croyance) à questionner nos sentiments. C’est en prenant du recul que nous parvenons à davantage de cohérence intérieure. Si le discours « moraliste » tendant à faire de tout ancien patient un sage philosophe vous énerve tellement, demandez-vous ce qui vous touche dans cette affirmation. Si la tendance de vos proches à faire comme si de rien n’était après la maladie vous attriste à ce point, pensez à vous demander « qu’est-ce que cela m’apprend sur moi ? ».
On peut se dire qu’on n’a pas choisi de vivre un cancer, de perdre quelqu’un, de ne plus être capable physiquement de vivre comme avant, mais on peut choisir ce que l’on en fait. Il ne faut pas confondre cette manière de voir avec une injonction à être heureux, mais plutôt la considérer comme une invitation à vivre en pleine conscience la vie qui nous est donnée.
Cet article a été initialement publié sur vieetcancer.be par Magali.