Quand on traverse l’épreuve du cancer, on vit une transformation profonde. Et une des choses les plus délicates, c’est d’arriver à se faire comprendre. Pas simplement être entendu·e — mais vraiment compris·e, sans avoir à se justifier sans cesse.
Ce que j’ai appris, en tant que patiente, coach, et accompagnatrice de transitions de vie, c’est qu’on ne parle jamais tout à fait le même langage. Et que l’une des clés pour rétablir une communication authentique, c’est d’oser expliquer son propre dictionnaire.
La Programmation Neuro-Linguistique (PNL) nous enseigne que la carte n’est pas le territoire. Chacun de nous perçoit la réalité à travers ses propres filtres, son histoire, ses émotions, ses croyances.
Un mot comme “fatigue”, par exemple, peut vouloir dire mille choses :
Pour l’un, c’est avoir mal dormi ; pour moi, à certains moments du traitement, c’était ne plus pouvoir monter les escaliers sans pleurer. Ce décalage, s’il n’est pas explicité, peut générer beaucoup de malentendus.
J’ai souvent observé, chez mes clients comme dans mon propre parcours, combien ces incompréhensions épuisent. Parce qu’on doit, en plus de tout le reste, traduire ce qu’on vit pour être reconnu·e dans sa réalité.

Dire à son entourage, à ses collègues ou à son manager : « Quand je dis que je suis fatiguée, je parle d’un épuisement profond, qui ne disparaît pas avec du repos. Ce n’est pas une baisse d’énergie passagère ».
C’est poser un cadre.
C’est une forme d’écologie relationnelle : je donne les clés à l’autre pour me comprendre, sans lui imposer de deviner. Et je me protège aussi de ses projections — souvent bienveillantes mais maladroites.
Dans un de mes accompagnements, une cliente m’a dit un jour : « Avant de pouvoir dire à mes collègues que je n’arrivais plus à suivre les réunions, je pensais que ça allait se voir. En fait non. Et je m’en voulais de ne pas être comprise. Une fois que je l’ai expliqué avec mes mots, j’ai reçu du soutien. »
C’est ce genre de bascule que j’accompagne.

J’aime dire que ce n’est pas une faiblesse de devoir expliquer ce que l’on vit.
C’est une façon de ne pas se laisser enfermer dans les projections des autres — leurs peurs, leurs injonctions à être fort·e, à “rebondir”.
Expliquer, c’est aussi poser sa légitimité à vivre les choses à sa manière.
Dans mon cas, par exemple, reprendre le travail après un cancer ne voulait pas dire revenir à la même intensité, ni aux mêmes horaires. C’était une nouvelle manière de travailler, plus respectueuse de mes rythmes.
Et ça, je ne pouvais pas le faire sans l’exprimer clairement.
En posant mes mots, j’invite aussi les autres à poser les leurs. Et je crée un espace de dialogue qui ne repose pas sur des suppositions, mais sur la reconnaissance mutuelle de nos langages différents.
Je crois profondément que la communication est un outil de soin — pas seulement psychologique, mais aussi social et professionnel.
Quand on prend le temps de dire ce que l’on met derrière un mot, on évite bien des blessures. Et on peut reconstruire un lien plus vrai, plus humain.
Je ne cherche pas à “faire comprendre le cancer”. Je cherche à faire comprendre que chacun vit son parcours avec des mots, des repères, des émotions qui lui sont propres.
Expliquer mon dictionnaire, c’est ma manière de me réapproprier mon histoire.
C’est poser des repères dans un monde qui, souvent, n’a pas appris à entendre.
Et si je peux transmettre une seule chose à travers mes accompagnements, mes conférences, ou mes écrits, c’est cela : Vos mots ont de la valeur. Votre expérience mérite d’être dite avec justesse. Et vous avez le droit d’être compris·e sans avoir à crier.
Magali
Quand on traverse un épisode de maladie, un accident, un burn-out ou qu’on vit avec un handicap invisible, une pensée revient souvent : “J’aimerais juste retrouver ma vie d’avant.” C’est une aspiration profondément humaine. Mais elle peut aussi devenir une source de souffrance si l’on s’accroche à un idéal devenu inatteignable. Car non, on ne revient jamais à hier. Et ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle.
Parler ou ne pas parler de son cancer dans le cadre professionnel ? Voilà une question que beaucoup de personnes concernées se posent. Il n’existe pas de réponse toute faite. Mais en tant que coach, je propose une boussole simple : communiquer avec intention.
La prise de décision partagée (Shared Decision Making) est un processus collaboratif où le médecin et le patient échangent des informations afin d'arriver ensemble à une décision éclairée. Découvrons ensemble les étapes, les défis et avantages et comment on peut évoluer vers une médecine plus participative.