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Vouloir retrouver sa vie d’avant

Quand on traverse un épisode de maladie, un accident, un burn-out ou qu’on vit avec un handicap invisible, une pensée revient souvent : “J’aimerais juste retrouver ma vie d’avant.”

C’est une aspiration profondément humaine. Mais elle peut aussi devenir une source de souffrance si l’on s’accroche à un idéal devenu inatteignable. Car non, on ne revient jamais à hier. Et ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle.

Un avant et un après… qui ne se ressemblent plus

Porter un handicap invisible – comme une fatigue chronique, des douleurs, des troubles cognitifs ou de l’anxiété – c’est vivre avec des symptômes que les autres ne voient pas. Et parfois même qu’on essaie de cacher.

Cela peut bousculer la confiance en soi, mais aussi notre image, notre rythme, nos ambitions.

  • La confiance en soi, c’est croire en sa capacité d’agir.
  • L’estime de soi, c’est croire qu’on mérite d’être bien, même quand on ne fait rien.

Quand ces repères vacillent, on peut se sentir perdu·e. Fatigué·e de “faire bonne figure”, épuisé·e par le besoin de prouver, ou écrasé·e par les attentes – les siennes, comme celles des autres.

Le deuil d’une vie d’avant

Faire le deuil de son “ancienne vie” est une étape souvent difficile, mais essentielle. Non, le deuil ne concerne pas que les cancers ou les maladies graves. Il est présent dans toute transition profonde, y compris après un burn-out, une maternité difficile, un accident ou une période de chômage. Et ce deuil n’est pas un renoncement. C’est une transformation. Accepter que la vie d’avant ne reviendra pas, c’est ouvrir la porte à une vie nouvelle – différente, mais pas nécessairement moins belle.

Revenir à soi, pas à hier

Avec mes clients, je les invite à une autre démarche : Ne pas essayer de revenir à avant, mais revenir à soi.

Retrouver ce qui fait plaisir, ce qui fait du bien, ce qui met en mouvement, loin des injonctions sociales à aller bien, à être productif·ve, à sourire coûte que coûte.

Une métaphore que je partage souvent : “C’est comme si votre jeu de cartes avait été rebattu. Vous n’avez plus les mêmes cartes qu’avant. Il va falloir adapter votre stratégie. Mais cela ne veut pas dire que vous ne pouvez plus jouer – ni gagner, autrement.”

Autrement, ce n’est pas moins bien.
Autrement, c’est nouveau, réaliste, plus juste, peut-être même plus vivant.

La reconnaissance de handicap : un levier à connaître

Certaines personnes, quand le handicap invisible impacte leur vie, font le choix de demander une reconnaissance officielle (auprès de l’AViQ, PHARE, VDAB, etc.). Cela permet d’ouvrir des droits concrets :

  • Aménagements raisonnables dans le travail
  • Accompagnements spécifiques
  • Aides à l’emploi ou au maintien dans l’activité
  • Soutien matériel ou financier

Cette démarche reste volontaire, confidentielle et personnelle. Elle ne change pas qui vous êtes, mais peut faciliter le quotidien, surtout si vous êtes confronté·e à l’incompréhension.

Et la résilience, vraiment ?

On parle beaucoup de résilience. Trop, parfois.

“Tu vas rebondir, tu es fort·e !”. Ces phrases peuvent devenir lourdes à porter, car elles sous-entendent qu’il faut vite tourner la page.

La résilience n’est pas un devoir. C’est un possible, pas une norme. Ce que je vois dans mon accompagnement, c’est qu’il y a des personnes qui rebondissent vite, d’autres qui avancent lentement, d’autres encore qui créent un tout autre chemin.

Toutes ces trajectoires sont valables. Ce qui compte, c’est de pouvoir être soutenu·e, écouté·e, respecté·e dans son rythme.

En conclusion

Vouloir retrouver sa vie d’avant est légitime. Mais ce n’est pas toujours possible. Et surtout, ce n’est pas toujours souhaitable. Peut-être que le vrai mouvement n’est pas un retour en arrière, mais une reconnexion à soi, à ses besoins, à ce qui fait sens ici et maintenant.

Vous avez le droit d’avancer autrement.
Vous avez le droit de composer avec un nouveau jeu de cartes.
Et vous avez le droit de ne pas être seul·e pour le faire.

 

Magali

www.vieetcancer.be

Magali

Mais c'est souvent d'abord la relation à soi qu'il faut travailler. Parce que tant qu'on est pas ok avec qui on est, qui on est devenu, forcément, ça ne va pas être facile dans la relation aux autres.

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